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LE DÉBUT DE LA LÉGENDE

03 marzo 2020

Vincenzo Borgomeo

Il y a cent ans, Enzo Ferrari signait son premier contrat de pilote avec Alfa Romeo. Il gagna de nombreuses courses importantes, mais il noua surtout un rapport qui dura vingt ans avec la Maison de la Vipère et qui le conduisit à devenir le directeur du service Alfa-Corse. Et à rêver de construire une maison automobile bien à lui


Il y a cent ans, Enzo Ferrari signe son premier contrat de pilote avec Alfa Romeo. Il y a cent ans, la graine de ce qui deviendra ensuite la Ferrari est semée. Très probablement, si le Commandeur n’avait pas commencé à courir pour Alfa Romeo, il n’aurait pas fondé la Scuderia Ferrari et la Maison de Maranello n’aurait jamais vu le jour. C’est bien connu, on n’écrit pas l’histoire avec des « si ».

Le premier rapprochement d’Enzo Ferrari avec Alfa Romeo se fait à l’occasion de la Targa Florio de 1920 quand, après une petite parenthèse de courses à bord de l’Isotta Fraschini, le jeune Enzo débute avec l’Alfa Romeo après avoir décroché un contrat écrit. La victoire ne se fait pas attendre : Enzo arrive premier de sa catégorie et second au classement général. « Entre les prix et tout le reste, je gagnai - raconte Ferrari - 12000 lires mais, pour moi, l’important était que ce jour-là j’avais fait mes débuts officiels dans la scuderia Alfa Romeo ». Il avait raison, sa vie changea dès lors et de grands succès arrivèrent également : d’avril 1924 à mai 1928, il remporta consécutivement toutes les courses auxquelles il participa.

En résumé, Enzo Ferrari savait y faire : il arriva aux Alfa imbattables très tôt étant donné que sa première course remonte à 1919, quand il débuta comme pilote à la Parma-Berceto, en se classant quatrième dans la catégorie 3000 et onzième au classement général. Pour lui les courses étaient tout : une satisfaction personnelle, un moyen de se racheter, une volonté de s’affirmer. « Je ne pense pas m’être très mal comporté en tant que coureur », répétait-il souvent. Et il avait bien raison : pour un pilote débutant, à l’époque, remporter neuf courses sur 39 disputées, ce n’était pas un mauvais résultat…

Et puis, il ne faut pas oublier une chose : quand Ferrari commença à courir, l’automobilisme sportif était une profession de véritables téméraires. Et réussir à franchir la ligne d’arrivée vivant représentait déjà un résultat extraordinaire : peu de moyens, le risque permanent de se tuer même lors des accidents les plus stupides et une concurrence déjà incroyablement rude. La seconde course que Ferrari disputa fut la Targa Florio de 1919, toujours au volant d’une CMN. L’aventure se présenta immédiatement mal : le matin du départ, il resta bloqué pendant presque deux heures dans l’ascenseur de l’hôtel, gâchant tous les plans de voyage. La course ne se déroula pas bien : Ferrari franchit la ligne d’arrivée quand le public, et surtout les chronométreurs officiels, étaient déjà partis. À son arrivée, seul un carabinier l’attendait. À l’aide d’un gros réveil, il notait dans un registre les temps et l’ordre d’arrivée des retardataires : « neuvième » fut le verdict du jeune carabinier à l’uniforme plein de poussière.

Puis, l’année suivante, l’incroyable exploit : Enzo Ferrari conquiert la seconde place au classement général, toujours lors de l’exténuante Targa Florio. Le monde du sport automobile est bouleversé par l’arrivée de ce nouveau talent inconnu. Et Alfa Romeo s’accapare immédiatement le pilote à travers la signature d’un contrat en octobre 1920. Ferrari fait ainsi fureur lors des courses sur route, il conduit toujours plus vite. Au point qu’Alfa Romeo décide de le faire débuter, à seulement 26 ans, dans ce que l’on peut considérer la F1 de l’époque, les Gp Internationaux. 

Nous sommes en 1924 et l’histoire est enveloppée de mystère : à sa première course, à Lyon, pour le Grand Prix de France. Alfa Romeo confie l’une de ses P2 imbattables à Enzo Ferrari. Les trois autres sont destinées à Giuseppe Campari, Luis Wagner et Antonio Ascari. Trois mythes à l’époque déjà. Toutefois Enzo Ferrari dispute seulement les essais, puis rentre soudainement en Italie et ne court pas le Gp de France. La raison ? Personne ne la connaît. Et aujourd’hui encore les passionnés l’appellent « le mystère de Lyon ».

Quoi qu’il en soit, Ferrari ne s’arrêta pas. Et ce fut le début de la légende, pas la fin. Il y a cent ans exactement, tout commença : la collaboration de Ferrari avec Alfa Romeo dura vingt ans et le conduisit à occuper les postes de testeur, pilote, collaborateur commercial et enfin directeur du service Alfa-Corse. L’événement historique arrive le 14 juillet 1951 quand, au Gp d’Angleterre à Silverstone, Froilan Gonzales met les roues de sa Ferrari devant celles de l’Alfa. Une victoire qu’aucun ferrariste n’a jamais oubliée et qui a marqué le commencement d’une nouvelle ère pour la Maison de Maranello. Alfa Romeo était battue pour toujours. « J’ai l’impression d’avoir tué ma mère », affirma ensuite Enzo. La légende Ferrari venait tout juste de commencer.