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Construite pour remporter la course la plus périlleuse au monde
Photos – Darin Schnabel ©2021 Avec l'aimable autorisation de RM Sotheby’s
Seuls quatre exemplaires seront construits, mais la 340 Mexico jouera un rôle crucial en matière d’engagement de Ferrari dans les courses d’endurance et dans le succès du Cheval cabré dans ce que beaucoup considèrent comme la course sur route la plus dangereuse jamais organisée.
Imaginée par le gouvernement mexicain afin de promouvoir la nouvelle route panaméricaine, la Carrera Panamericana consistait en un événement de cinq jours qui couvrait toute la longueur de la nouvelle route, soit plus de 3 500 kilomètres en neuf étapes.
De nombreux Américains résisteront difficilement à la tentation de cette course unique et exigeante : amateurs et professionnels répondront à l’appel. Plus de 130 berlines prendront alors le départ le 5 mai 1950 lors de la course d’inauguration.
Adaptée de la 340 America, la 340 Mexico a été conçue dès le départ pour faire face aux distances énormes et à la qualité de route variable de la Carrera Panamericana. Entre autres choses, l'essieu arrière et la transmission ont été renforcés et un gros carburant de 150 litres a été ajouté
Bien que manifestement dangereux (trois pilotes mourront malheureusement au cours des cinq jours de la première édition), l’événement attire l’attention de l’élite européenne de la course lorsque le vainqueur, Hershel McGriff, franchit la ligne d’arrivée le premier au volant de son Oldsmobile 88.
Alors que la plupart des concurrents s’engagent avec des véhicules lourds et personnalisés nécessitant l’assistance d’une équipe (des camions suivent la course et transportent des pièces détachées, mais surtout des pneus et des freins neufs pour affronter les routes difficiles), l’Oldsmobile légère et non modifiée d’Hershel se fraye facilement un chemin sur les sinueuses et escarpées routes de montagne. Sa victoire sur le peloton américain parvient à convaincre Enzo Ferrari à engager une écurie d’usine pour remporter l’édition suivante en 1951.
L'itinéraire suivait la route panaméricaine récemment achevée; L'un des 212 Inter qui ont terminé premier et deuxième en 1951; Luigi Chinetti dont le 340 Mexico a franchi la ligne d'arrivée à la troisième place en 1952 ; Les foules ont afflué pour voir des noms familiers comme Phil Hill de Ferrari
Enzo avait raison. Ferrari décroche la première et la deuxième place avec deux coupés 212 Inter pilotés par les champions de F1 Piero Taruffi et Alberto Ascari. La décision de revenir l’année suivante est prise, mais cette fois avec la 340 Mexico, une voiture construite à partir de zéro pour faire face aux conditions exigeantes et uniques de l’épreuve de cinq jours.
Dès le départ, la concurrence s’avère beaucoup plus rude que lors des événements précédents. La course captive maintenant l’imagination de l’Europe et les inscriptions de Jaguar, Mercedes, Lancia et Porsche suffisent à convaincre les organisateurs de créer une nouvelle catégorie pour les voitures de sport européennes.
La 340 Mexico est une Ferrari 340 America adaptée, une voiture ayant déjà fait ses preuves en remportant la Mille Miglia l’année précédente. Le design de Vignale pour la Mexico présente un long capot de 77,5 pouces recouvrant un V12 Lampredi de 4,1 litres, à même de produire 280 chevaux et de porter la voiture à 282 km/h. Une cinquième vitesse révisée est ajoutée ainsi que de nouvelles culasses à quadruples carburateurs augmentant ultérieurement la puissance déjà impressionnante du moteur. L’essieu arrière et la transmission sont également renforcés, tandis qu’un plus grand réservoir de 150 litres est intégré pour compenser les distances à parcourir par la voiture. Construite pour gagner, cela ne sera malheureusement pas le cas.
With one of the longest hoods ever to appear on a Ferrari, the 340 Mexico sported a 4.1 litre V12 capable of 282km/hr
Luigi Chinetti, agent exclusif Ferrari en Amérique, fondateur de la North American Racing Team et copilote de Piero Taruffi l’année précédente, connaît bien le parcours, tout comme Alberto Ascari, deuxième de la dernière édition, qui veut cette fois triompher. Mais dans une course où seules trente-neuf voitures franchiront la ligne d’arrivée sur quatre-vingt-douze engagées, le parcours s’avère trop difficile pour Ascari qui abandonne le premier jour et laisse la tâche de conclure l’épreuve à Chinetti : il franchira finalement la ligne en troisième position.
Lancia triomphera l’année suivante, mais en 1954, Umberto Maglioli est victorieux au volant d’une Ferrari 375 Plus, suivi de Phil Hill dans sa 375 MM. Il s’agira de la dernière course de l’histoire. Avec un nombre élevé de décès - vingt-sept en cinq ans - l’événement sera finalement annulé pour de bon. Mais pendant près de cinq ans, Ferrari aura prouvé sa capacité à dominer l’une des courses d’endurance les plus dangereuses de tous les temps.