Toutes les créations uniques de Maranello ne font pas l’objet d’une apparition publique. Parfois, certaines d’entre elles ne sont jamais dévoilées et sont plutôt destinées à rester dans l’ombre des collections privées.
Toutefois, même si le propriétaire de la SP48 Unica souhaite naturellement rester anonyme, il tient à partager son histoire avec le monde entier. « Je veux que le public voie cette voiture », affirme-t-il. « Je veux partager ma passion pour la marque. Cela pourrait inspirer un enfant… ou un multimillionnaire ».
Pour créer la voiture que tout un chacun pourra admirer, il s’est inspiré de la F8 Tributo, une V8 à moteur central. « Je voulais une voiture à moteur central, pour la piste », explique notre homme qui assiste généralement à environ 100 journées sur circuit par an. « Au début du projet, la 488 était d’actualité », explique-t-il, « mais j’ai eu vent d’un nouveau modèle qui se profilait à l’horizon (la F8 Tributo) deux semaines après notre première rencontre ».
Le client a insisté d’emblée pour que toutes les caractéristiques aérodynamiques soient fonctionnelles et pas simplement attrayantes. Par la suite, il émit quelques réserves sur la forme des prises d’air qui dominent les flancs de la Ferrari 488. Elles n’étaient pas de son goût même si, comme il l’admet ouvertement, « je ne suis pas designer, ni même bon en art ».
Cependant, ce client Ferrari, qui a également possédé plus de 60 véhicules du Cheval cabré, « connaît sur le bout des doigts les Ferrari produites au cours des 20 dernières années, notamment les voitures à moteur central depuis la 360 ».
Ainsi, lors de la toute première réunion, il a pu parler avec une certaine expertise de ces modèles et de ce qu’il attendait de son projet. « Même si j’ai pu fournir des directives sur les aspects qui me tenaient à cœur et sur ceux qui pouvaient être négligés, j’ai expressément dit à l’équipe pendant la réunion quelque chose dans ce genre : « Vous êtes les experts. Vous travaillez pour la meilleure équipe design au monde et pour le plus grand constructeur automobile au monde. Je sais que chacun d’entre vous garde un croquis dans le tiroir de son bureau de la voiture qu’il construirait s’il le pouvait. Ce sont ces croquis que je veux voir ! Je veux votre créativité, pas la mienne ».
À sa requête, toute une série de croquis, étiquetés de « A » à « K » ont été dévoilés, le client les a visionnés aux côtés de Flavio Manzoni, le directeur du design Ferrari. C’est en voyant le croquis H qu’il comprit ce qu’il cherchait. C’est à ce moment-là que le développement du projet démarra jusqu’à atteindre l’objectif final. Il a été en grande partie réalisé pendant la pandémie de Covid, ce qui a impliqué de nombreuses sessions d’échanges et de mises au point par iPad.
Lemercier explique : « Le processus est très semblable à celui des voitures de série. C’est très linéaire. La création du projet commence en 2D. L’équipe de conception travaille sur des visuels en s’appuyant sur le briefing, puis passe au 3D. Vient ensuite un modèle physique grandeur nature, peint et détaillé ». Ce modèle de référence est destiné à être validé plutôt qu’à servir d’outil de définition des formes au cours du processus de conception. « Mais c’est aussi l’occasion de montrer au client ce qu’il achète », ajoute-t-il en riant.
C’est l’expérience dans son ensemble autant que la voiture physique que le client a tant appréciée. « C’est l’une des plus belles expériences de ma vie. J’ai tellement de chance d’avoir pu le faire. Je connais maintenant plein de personnes à l’usine. J’étais accueilli par de grands sourires et embrassades après le Covid. C’était comme si le printemps était arrivé.
Bien sûr, cela n’a aucun sens sur le plan financier », déclare-t-il. « Ce sont des expériences marginales qui comptent énormément. Toutes les personnes impliquées... C’est une expérience de ces quatre dernières années que je ne suis pas près d’oublier. Je ne les ai pas assez remerciées ». À ce titre, il a demandé notamment que la SP48 Unica soit présentée à l’ensemble du personnel de Ferrari. « Sinon, les employés ne l’auraient découverte que dans le magazine. Ce qui ne serait pas juste ».